
Le principe de précaution devrait l'emporter
Infos pratiques
1. L'Académie de médecine a écrit que « L’infection par le SARS-CoV-2 est moins fréquente chez les enfants que chez les adultes » mais que « le rôle des enfants dans la transmission n’a pas encore été bien évalué ». Les pédiatres sont plus optimistes et favorables à la reprise des enfants du chemin de l'école à partir du 11 mai, sous le respect de conditions et notamment celle de respecter des mesures barrières adaptées selon les âges, malgré une éventuelle seconde vague de contaminations. Le retour à l’école des enfants atteints de maladies chroniques doit lui aussi être « favorisé » ont estimé la Société française de pédiatrie (SFP) et d’autres sociétés de spécialités pédiatriques, ajoutant que « la poursuite d’une scolarisation à domicile ne peut concerner que quelques cas particuliers, sur avis du médecin référent ». Faisant chorus, l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) assurent que « le port d’un masque dans les crèches, les écoles maternelles et primaires pour les enfants sans pathologie sous-jacente grave n’est ni nécessaire, ni souhaitable, ni raisonnable ». Elles jugent par contre que « le port de masque pour les adolescents ainsi que pour les adultes en charge d’enfants peut être envisagé ».
Pourtant, les inquiétudes et doutes entourent la reprise à partir du 11 mai 2020 de l'école pour certains enfants.
Le Conseil scientifique n'a jamais changé d'avis. Le 20 avril 2020, il écrivait : « le Conseil scientifique propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu'au mois de septembre ». Par avis du 24 suivant, le Conseil indique qu'il « a pris acte de la décision politique de réouverture prudente et progressive des établissements scolaires à partir du 11 mai prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques ». Le Conseil scientifique reste donc opposé à l'ouverture mais « prend acte » d'une décision « politique », décision qui ne fut pas prise uniquement pour des considérations sanitaires. La nécessité d'une étude épidémiologique sur la circulation du virus chez les enfants d'âge scolaire en prévision d'une réouverture est posée comme un préalable par le Conseil scientifique.
2. Cependant et il ne faut pas omettre ce qui suit ; nous pouvons entendre la contrainte économique (la production et le commerce et les services nous ont permis de vivre pendant le confinement puisque nous avons pu à tout le moins nous alimenter) et la nécessité qu'à une crise sanitaire ne s'ajoute pas une crise économique. Cependant encore, nous devons avoir une attention aux liens sociaux ; la sociabilisation fait partie des missions de l'Ecole. Cependant toujours, la rentrée de l'année scolaire 2020-2021 doit être préparée et une seconde rentrée le 11 mai 2020 des élèves de l'année scolaire 2019-2020 pourrait être une expérimentation, à condition d'être progressive et de prévoir la reprise d'abord des élèves les plus à même de respecter les recommandations sanitaires, à savoir les plus grands, donc les lycéens puis les collégiens et non les écoliers ; ceci aurait permis une phase de test de la rentrée scolaire de l'année 2020-2021 (la question de principe demeure néanmoins : les jeunes ne doivent pas être un public test). Les plus jeunes élèves auraient ensuite bénéficié tout autant que l'Institution et les collectivités territoriales locales (communes, Département et Région et syndicats intercommunaux) et acteurs privés de l'expérience acquise par la présence des plus grands des élèves.
3. L'injonction de reprendre le chemin de l'école est brouillée par l'ordre gouvernemental chronologique de rentrée des élèves décidée puisque les plus jeunes d'entre eux sont les premiers concernés alors qu'il s'agit du public le plus précaire dans ses gestes.
Dans ces conditions, la décision politique de faire rentrer les enfants en classe, pour légitime et concevable qu'elle puisse être considérée, ne peut sacrifier les mesures sanitaires. Si les élèves sont invités à réintégrer les établissements scolaires, ils doivent ne courir et ne faire courir aucun risque.
Le Président de la FCPE de la Savoie, rédacteur de ces lignes pathologiques, n'entend pas réinventer l'eau chaude car d'autres et pas des moindres ont raisonné avant. Nous ne pouvons que continuer à mettre en œuvre les recommandations qui ont été préconisées pour des raisons sanitaires puisque les raisons qui les ont justifiées n'ont pas disparu. Les enfants avaient été une des premières populations confinées car c'est la population, de plus fort rassemblée au sein d'un établissement scolaire, la moins susceptible de mettre en œuvre les gestes barrière et dans la persévérance.
4. Le virus est partout encore. Alors, que l'on nous ramène à un raisonnement évident. Les réponses aux questions suivantes obligent un maintien des élèves hors des établissements scolaires. Le coronavirus peut-il recevoir un traitement ? Non. Existe-t-il un vaccin ? Non. Le coronavirus est-il endigué ? Non. Ces réponses négatives connues de tous sont sans surprise. Des masques pour tous à ce jour ? Non. Des gestes barrière raisonnablement envisageables pour tous les âges ? Non.
Une autre question est devenu un questionnement douloureux pour les parents d'élèves. Comment justifier que les rassemblements de plus de dix personnes sur la voie publique et dans les lieux privés soient interdits pour le début du déconfinement progressif et que les enseignants accompagnés peut-être d'une ATSEM et d'une assistante de vie scolaire et quinze enfants doivent s'enfermer dans une salle de classe ? Nous savons par avance qu'aucune réponse ne pourrait être satisfaisante.
Le principe de précaution mérite donc une application tant que la société n'est pas pas en mesure de garantir que les écoliers, les collégiens et les lycéens ne prendront aucun risque dans un établissement scolaire.
5 et conclusions. Dans ces conditions, par application du principe de précaution,
la FCPE de la Savoie (mais pas qu'elle) n'est pas favorable à la seconde rentrée des élèves programmée au 11 mai,
de plus fort si les préconisations sanitaires ne sont pas respectées ; et elles apparaissent loin de l'être quand nous connaissons les mauvaises conditions d'hygiène qui étaient celles des établissements scolaires avant la crise du coronavirus (la crise sanitaire a été plus forte pour une remise en cause – tant de l'état d'esprit que des pratiques sanitaires – que les préconisations de la FCPE pour que les établissements scolaires soient enfin équipés conformément à ce que la science nous avait enseignée jadis).
Pendant que nous raisonnons, les collectivités territoriales locales, sur l'injonction du Chef de l'Etat et du Gouvernement préparent avec les services de l'Etat la seconde rentrée du 11 mai 2020. Ils se donnent de la peine et nous devons malgré notre position leur en savoir gré. Des mesures de sécurité sanitaire sont raisonnablement inapplicables. Peut-être une mission impossible et de surcroît à risque et dont les jeunes ne doivent pas être les victimes.
Avec nos encouragements militants.
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